«Le client, plutôt que le produit, au cœur du conseil»

Auteur : Vincent Ruck

Date de publication : 20/10/2015

Monsieur de Schrevel, on parle beaucoup de fintech aujourd’hui… Et pourtant, les technologies de l’information sont depuis longtemps utilisées par les sociétés du secteur financier. D’où vient l’engouement actuel?

«Il est un fait que l’automatisation et les algorithmes de calcul existaient bien avant que le mot fintech n’apparaisse dans les médias. Chez Gambit, par exemple, nous avons mis au point nos premiers algorithmes dès 2007 et ils sont utilisés par nos clients en Europe depuis lors. Nous les améliorons sans cesse en y introduisant des éléments neufs issus de la recherche scientifique, par exemple la prise en compte, dans le conseil en investissement, de la multiplication des crises financières et la rapidité de leur contagion.

Ce qui est nouveau, c’est que la technologie nous a permis de relier automatiquement ces algorithmes entre eux, et d’y donner accès au plus grand nombre, de manière extrêmement simple et directe, via internet. C’est un renouvellement très significatif de l’offre de services qui est proposée aux clients.

Aujourd’hui, la fintech doit répondre aux attentes nouvelles des consommateurs. Elle correspond à la fin d’une époque où la délégation était un des principes de fonctionnement de la société. On déléguait à l’État la tâche de pourvoir aux besoins des citoyens jusqu’à leur mort, et, pour ce qui nous intéresse ici, aux banques le soin de veiller sur notre épargne et de la transformer en investissement. Tout ceci a changé: de manière subie ou volontaire, chacun est, aujourd’hui, plus acteur de sa propre vie.

L’innovation a accompagné cette prise en main. Les technologies de l’information ne sont plus considérées comme un Graal aux mains des seuls experts, elles sont vues comme une véritable plateforme collaborative. Et la confiance des personnes dans la finance est de plus en plus critique et exigeante. C’est la rencontre de ces deux phénomè

nes qui crée l’attractivité grandissante des fintech.

Concrètement, dans l’activité de votre structure, quelle est la réalité, aujourd’hui, des fintech?

«Notre offre est basée sur les applications logicielles développées par nos ingénieurs et nos experts en finance depuis plus de six ans. Dès le départ, elle a été conçue avec un objectif très clair: mettre le client au cœur du conseil en investissement, plutôt que le produit financier élaboré par les établissements. Nous l’avons proposée aux banques privées puis, dans une version plus industrialisée, aux banques de réseau afin qu’elles puissent en faire bénéficier les clients ‘mass affluent’. Depuis 2014, nous avons fait évoluer notre solution pour qu’elle soit directement accessible par tous via internet – c’est notre offre ‘Birdee Institutional’. La mutation digita[…]